🇫🇷 France – Pays-Bas, Lens, 5 juin 1992 : l’ultime répétition avant la Suède
À treize jours de l’Euro 92, Bollaert accueille une affiche qui sent la poudre entre deux des grandes puissances du football européen. Les Pays-Bas, champions d’Europe en titre, débarquent avec l’envie de marquer les esprits : encore meurtris par leur élimination en huitièmes de finale du Mondial 1990 face aux futurs champions du monde allemands, ils veulent montrer qu’ils restent les patrons du continent. Même sans Gullit et Rijkaard – forfaits mais présents en tribune – l’armada Oranje impressionne : Van Breukelen (le même qui avait encaissé ce coup-frac mythique de Platini en 1981), Koeman, Wouters, Winter, Van’t Schip, Witschge, et surtout Van Basten et Bergkamp, le duo le plus redouté d’Europe.
En face, la France de Michel Platini profite de ce dernier amical pour affiner une machine redevenue compétitive après deux années de reconstruction. Platini modifie légèrement son schéma : Casoni colle Marco van Basten, Boli serre Bergkamp, dans un marquage individuel exigeant. Devant, Cantona évolue en soutien jusqu’à la 74e minute, comme contre la Belgique, libéré par la présence d’un Vahirua explosif et intenable sur son aile gauche, qui met constamment sous pression la défense néerlandaise.
Cette configuration porte rapidement ses fruits : à la 12e minute, Cantona remise idéalement pour Jean-Pierre Papin, qui ouvre le score d’une frappe chirurgicale. Une action limpide, symbole de la complémentarité du duo. Pourtant, si Cantona distribue et organise, il manque aussi plusieurs belles occasions, qui auraient pu mettre les Bleus à l’abri.
Les Oranje réagissent très vite : à la 18e, le jeune de l’Ajax Bryan Roy profite d’une approximation défensive pour égaliser. Le match reste ensuite intense, ouvert, parfois rugueux, mais le score ne bougera plus.
Les Bleus malgré beaucoup d'occasions retombent dans leurs travers: trouver JPP systématiquement et attendre qu'il fasse le job. Néanmoins, ce 1-1 laisse l’image de deux équipes sûres de leur force : la France, forte de son parcours d'éliminatoires parfait, portée par ses guerriers – Boli, Casoni, Sauzée, Blanc, Petit, Angloma, Deschamps – et un Vahirua incandescent, les Pays-Bas par leur technique et leur puissance collective. Beaucoup imaginent alors revoir ces deux sélections dans le dernier carré en Suède. Pourtant, chez les Bleus, c'est le 4e match sans victoire et cette statistique marquera - rétrospectivement - un mal plus profond qui sera évident lors de l'élimination au premier tour de l'Euro.
Trois semaines plus tard, le Danemark fera voler toutes les certitudes : 2-1 contre les Bleus, puis une qualification héroïque contre les Oranje (2-2, t.a.b., Van Basten ayant manqué son pénalty), avant de devenir champion d’Europe.